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Victoire et Gauthier Decarne, masters glass

La marque a été baptisée Q de bouteilles « parce qu’il faut appeler un chat un chat », explique Gauthier Decarne, qui ne sait plus trop comment lui est venue l’idée de couper des bouteilles en verre pour transformer la base en gobelets. Mais il se souvient que c’était le 1er janvier 2016 : « J’avais 23 ans, je venais de finir le cours Florent et il fallait que je casse la croûte en attendant de décrocher un casting. » Il récupère alors quelques caisses de bordeaux vides qui traînaient, fait un aller-retour dans la Glass Vallée (le premier pôle mondial du flaconnage de luxe, en Normandie) pour glaner quelques conseils et s’équipe du matériel ad hoc pour couper et limer parfaitement le verre.
Très vite, il vend ses premiers services à eau à sa famille et à ses amis. L’été suivant, il décide de faire la tournée des restaurants avec deux copains le long de la côte Atlantique, en partant du Touquet, où il vit. « Arrivés à Bordeaux, les cartons étaient vides et le carnet de commandes plein », explique le jeune patron de Q de bouteilles. Le trio décide toutefois de pousser plus au sud, où le succès se confirme. Mais la véritable partenaire professionnelle de Gauthier Decarne, c’est son épouse, Victoire, qu’il a rencontrée entre-temps et embarquée dans l’aventure. « On s’est lancés sans business plan », expliquent-ils en chœur.
Pour mener à bien leur projet, ils ont dû vider leur cave et celle de leurs proches, et apprendre par cœur l’anatomie d’une bouteille. Ainsi, les épaules (à la base du goulot, là où elle commence à s’évaser) ont permis de monter des verres sur pied, les cols aplatis ont été transformés en porte-couteaux, les goulots en vases ou en chandeliers, les troncs en photophores…
Victoire et Gauthier Decarne auraient pu baptiser leurs collections « bourgogne », « bordeaux » ou « champagne », selon les vignobles d’où sont issues les bouteilles. Ils ont préféré les classer par couleur et leur donner pour noms « Séduire », « Rire », « Débattre », « Danser », car « ces bouteilles transformées ont chacune leur histoire, elles ont été les témoins de moments de vie », indique le fondateur de la marque.
Cette idée qu’en les ressuscitant en vaisselle et en éléments d’arts de la table, ces flacons pourront assister à d’autres dîners, d’autres soirées et d’autres échanges au lieu d’être brisés, le ravit. A quelques modèles de bouteilles près, le verre est surtout travaillé à froid, entre découpe et ponçage, et localement. « C’est une matière avec de belles propriétés. Sensible, elle nécessite du tact, un geste souple, doux, lent, circulaire », précise Gauthier Decarne. « Un geste tendre et délicat alors que le verre ne l’est pas », ajoute son épouse et associée.
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